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LA CASE DE L’ONCLE TOM.

souffler, et il repart du pied droit. Tout attention, à présent.

— Eh bien, Sam, c’est vous qui accompagnerez M. Haley pour lui enseigner la route et lui venir en aide. Ayez grand soin des chevaux, Sam. Vous savez que Jerry boitait un peu la semaine passée ; ne poussez pas trop vos bêtes. »

Ces derniers mots, dits à voix basse, furent énergiquement accentués.

« Laissez faire à l’innocent, au nèg’, maîtresse, répliqua Sam avec un roulement d’yeux des plus expressifs. Li bon Dieu sait… Holà, moi pas dire ! » et il ravala son souffle avec une grimace d’appréhension tellement drôle, qu’en dépit d’elle-même madame Shelby se mit à rire. « Oui, oui, maîtresse, Sam aura l’œil aux chevaux. »

— Maintenant, à nous deux, Andy, poursuivit Sam, revenu sous le hêtre à son quartier d’observation. Vois-tu, moi, pas surpris si le poney au massa fait des frasques quand le massa montera dessus. Tu sais, Andy, le poulain aura des caprices ! » et Sam allongea dans les côtes de son camarade une poussée significative.

« Eh, oh ! répliqua Andy, d’un air de parfaite compréhension.

— Oui-dà ! vois-tu, Andy, maîtresse veut gagner du temps. Pas besoin de mettre ses lunettes pour voir ça. Moi, j’ai déjà travaillé un brin pour elle. Attention, Andy ! les chevaux lâchés, eux cabrioler de çà, de là, par près, par bois, et moi, le garantir, massa pas partir en hâte. »

Andy ricana.

« Attention, Andy, attention ! Si (possib’, vois-tu), si le poney à massa Haley s’avise de regimber et détale, — une supposition, Andy, — nous lâcher les deux autres chevaux pour courir à l’aide ; oh ! oui, bien aider massa ! » et Sam et Andy, chacun se renversant la tête sur l’épaule, faisant claquer leurs doigts et gambader leurs jambes, se livrèrent, avec d’inexprimables délices, à des rires étouffés.