Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/86

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ne m’a pas tué, c’est pas faute d’envie. Et moi là, tout droit, tout innocent, un vrai agneau !

— Ah ! je te voyais bien, va ! — toi être un vieux routier, Sam !

— Moi, pas dire non ; et maîtresse à sa fenêtre ! l’as-tu vue rire ?

— Ah ! moi pas tout voir, trop courir pour ça.

— Écoute, Andy, poursuivit gravement Sam, tout en bouchonnant le cheval de Haley, la bobservation, vois-tu, c’est la chose ; et moi avoir gagné de la bobservation. C’est toute la différence d’un nèg’ à un autre nèg’. Faut s’y appliquer dans sa jeunesse, Andy. Ai-je pas vu ce matin de quel côté soufflait le vent ? — lève le pied de derrière, Andy ; — ai-je pas vu ce que voulait maîtresse sans qu’elle ait soufflé mot ? C’est tout bobservation, pas autre chose, une faculté, quoi ! Les facultés, ça ne vient pas à tout le monde, mais ça se cultive, vois-tu, Andy !

— J’ai donné un bon coup de main à ta bobservation, ce matin !

— Andy, tu es un enfant qui promet, ça ne fait pas doute. Je t’estime gros, Andy ; moi, pas honteux du tout de prendre ton avis. Mais faut regarder personne par-dessus l’épaule : le meilleur coureur peut être dépassé. — Et, là-dessus, à la maison ! Gage que nous aurons de maîtresse quelques bonnes bouchées ! »

CHAPITRE VII

La lutte de la mère.


Il ne se peut imaginer créature humaine plus désolée, plus abandonnée que la pauvre Éliza lorsqu’elle eut quitté la case de l’oncle Tom.

Les souffrances, les dangers de son mari, ceux de son