Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/99

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et vociférait que « c’était diablement rude pour les pieds du pauv’ Jerry.  »

« Ah ça, j’ai un avis à vous donner, dit Haley. Je vous sens venir d’une lieue, vous autres noirs ! Avec tous vos embarras, vous espérez me détourner de cette route ? — Bernicles !

— Comme massa voudra, » répliqua Sam la figure allongée, mais, clignant de l’œil avec un redoublement de verve, à son camarade, dont le joie était toujours sur le point de faire explosion.

Sam, fort en train, prétendait être aux aguets : — tantôt il s’écriait qu’il voyait pointer un chapeau de femme au sommet de quelque montée ; tantôt il en appelait à Andy :

« N’était-ce pas Lizie qui se cachait dans ce trou de vallon ? Ces exclamations parlaient toujours aux endroits les plus raboteux, les plus rocailleux de la route, lorsqu’il était très-difficile de pousser les chevaux, et toujours Haley était tenu en haleine.

Après avoir chevauché de la sorte une bonne heure, tous trois, par une brusque descente, arrivèrent tumultueusement dans une large cour entourée de granges. Tous les bras étant occupés dans les champs, il n’y avait personne en vue ; mais la ferme, dont ces granges faisaient partie, barrait la route, qui évidemment se terminait là.

« L’ai-je pas dit ! moi, avoir bien prévenu massa, gémit Sam le noir d’un air d’innocence. Les massa étrangers pouvoir pas connaître le pays comme les neg’s nés natifs de l’endroit.

— Drôle ! s’écria Haley, tu ne le savais que trop !

— Oh ! moi dire tout bien juste à massa : et massa pas vouloir me croire. J’ai dit que c’était tout fermé : barrières, haies, fossés, pas possible de passer. M’as-tu pas entendu, Andy ? »

La chose était trop vraie pour être disputée ; force fut au malheureux marchand de dissimuler sa rage d’aussi