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Page:Beecher Stowe - La fiancée du ministre, 1864.djvu/21

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CHAPITRE II.

Ainsi que je l’ai déjà dit, Mistress Katy Scudder avait invité du monde à prendre le thé. Strictement parlant, il est nécessaire, pour rendre parfaitement compte de quoi que ce soit, de commencer à la création du monde, mais pour un usage habituel, on peut se contenter de quelque chose de moins ; c’est pourquoi, tenant le chapitre précédent comme une introduction suffisante à mon histoire, je continuerai d’arranger mes scènes et de dérouler mon petit drame dans la supposition que vous en savez assez pour comprendre les choses et les personnes.

Être invité à prendre le thé en l’année 17…, avait une signification toute différente de celle qu’a de nos jours la même invitation.

Les gens étaient à cette époque imbus de la singulière idée que la nuit était faite pour dormir. Ils étaient portés à le croire par leur confiance en la sagesse de notre mère nature ; supposant que lorsqu’elle éteint ses lumières, tire ses rideaux et fait taire tout bruit dans sa maison, c’est dans l’intention de laisser dormir ses enfants. En conséquence, peu après le coucher du soleil, toute la communauté se préparait généralement à se mettre au lit, et le silence universel prêtait au son de la cloche de neuf heures une imposante solennité. La bonne compagnie, à cette époque, déjeunait à six heures, dînait à midi et prenait le thé à six heures du soir. Mais un thé prié, parmi les gens réguliers et laborieux, avait ordinairement lieu une heure plus tôt,