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CONSTITUTION

De son amour, puisque rien au monde n’est plus digne d’être aimé que l’Être doué de toutes les perfections à l’infini.

De sa reconnoissance, puisqu’il ne respire que par lui, qu’il tient de lui l’existence, source de bonheur quand il n’en abuse pas, et l’intelligence, autre source de plaisir, quand il la dirige vers le bien.

Tout homme capable de contester cette vérité importante, perd à l’instant même le caractère d’Être raisonnable. C’est un sophiste, qui n’a de l’homme que la forme et les passions.

2o L’homme doit à ses semblables l’exemple, l’attachement, les secours, la sureté.

L’exemple, parce que le tableau du vice rend les hommes vicieux, et celui de la vertu, les rend vertueux.

L’attachement, parce qu’il est naturel de se rapprocher, quand on a les mêmes goûts, les mêmes destinées, la même forme, la même nature et les mêmes besoins.

Les secours, parce qu’il n’y a pas plus de raison pour nous d’espérer l’assistance d’autrui, que pour autrui, de s’attendre à la nôtre ; et que notre mutuelle dépendance les uns des autres nous porte naturellement à faire aux autres ce que nous désirons qu’on nous fasse.

La sûreté, parce que la société humaine n’existera jamais sans la garantie respective des propriétés, de la liberté et de la vie.

3o L’homme se doit à lui-même, réserve, réflexion, protection et jouissance.

Réserve, parce que les excès sont indignes de sa raison et nuisibles à son existence.

Réflexion, parce que sa haute destination ne lui permet pas d’agir machinalement, comme les brutes.