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LE PAIN DE CARITACHS

si fréquentée aujourd’hui, — qui, des remparts, allait en se contournant quelque peu, vers la place de l’Hôtel-de-Ville, et qui répondait au nom délicieux de rue de la Portette !

À cette époque de vie familière, l’on pouvait en passant y apercevoir les planches chargées des pains en pâte grise et molle, le garçon boulanger, torse nu, prêt à les enfourner avec sa pelle de bois, et la porte du four avec ses flammes et ses braises, semblable à la bouche fumante de quelque nouveau Moloch !

Cérès n’avait pas seulement une boutique achalandée, il avait aussi une fille ! La plus sage, la plus vaillante au travail… Mariette… la plus jolie des Biterroises !

Il fallait la voir, lorsque par les matins clairs, elle partait, portant le pain chez quelque client de marque, avec sa jupe de drap fin, son tablier de taffetas, son fichu de soie à ramages, ses bas blancs, ses souliers de prunelle, et cette coiffe, — parure, hélas, délaissée, relique dédaignée de la patrie méridionale, — qui mettait au frais