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Tout ainsi que l’aurore ; et l’ivoire poli
De ton col blanchissant se présente anobli
De perles, de rubis et de pierres exquises
Dans le fond d’un carcan (*) naïvement assises.
Je te donrai encor un autre riche atour,
Qui sera pour jamais témoin de notre amour :
Deux bracelets d’or fin taillés en damasquine (**),
Une chaîne, un carcan, et de soie plus fine
Un tissu marqueté de beaux gros boutons d’or
Mis en œuvre d’épargne, et des bagues encor.

L’ÉPOUSE

Que ton visage est beau et plein de bonne grâce I
Avance-toi, mon cœur, et viens choisir ta place,
Près de moi, mon souci. Notre lit est dressé
Sur le coussin mollet d’un amas entassé
De feuilles et de fleurs, de mousse et de branchage,
Bâti dessous le frais d’un verdissant bocage.
Que ce palais rustic ne te vienne â mépris I
Il est fait de cyprès ; de cèdre est le lambris ;
De feuilles et de fleurs notre chambre est parée :
De nos chastes amours, la retraite assurée !

II
L’ÉPOUSE

Je suis la jeune fleur qui, belle par les champs,
Croit, l’émail de la prée et l’honneur du printemps,
Ou le lis tendre et mol aux feuilles argentées
Qui blanchit dans le fond des secrètes vallées.

(•) Collier. () Damasquinés*