Aller au contenu

Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/150

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cette ville, à la vérité, fut trouvée complètement déserte : ses habitants l’avaient abandonnée, emportant tout ce qu’ils avaient de plus précieux ; mais une jeune et belle Indienne ayant été amenée à Colomb, et renvoyée par lui chargée de présents et avec de grands égards, tout changea subitement de face.

L’Amiral, cependant, n’accorde dans son journal qu’une mention de quelques lignes à cette femme, qui lui fut d’un si grand secours, comme du reste tout son sexe, dans l’ancien et le nouveau monde. Pas une seule fois — mais cette lacune impardonnable doit être le fait du seul Las Casas, le terrible abréviateur, — pas une seule fois il ne nomme la belle et touchante Anacoana, dont le nom signifiait fleur d’or.

Le jour ne s’est pas encore fait, pas complètement du moins, sur le rôle si important, si capital, que joua cette fleur sauvage dans l’histoire des premières découvertes de l’Amiral, mais ce rôle apparaît de plus en plus grand, à mesure qu’on pénétre dans les volumineuses et complètes archives de cette histoire. Plus on y fouille, et plus frais, plus vif s’en dégage le parfum d’Anacoana, la Fleur d’Or ; plus on sent qu’elle ne sera complète, cette histoire de la découverte de l’Amérique, que lorsqu’elle aura été envisagée au point de vue américain.

Toujours, dès à présent, est-il certain, que la belle et pure Anacoana, une des reines et prêtresses de Saint-Domingue, fui pour Colomb, dans cette île pleine de mystères et d’abord hostile, une alliée enthousiaste, une protectrice intelligente, en un mot, et toute proportion gardée, une seconde Isabelle.

Grâce à elle, il devint sacré ; son origine céleste fut un dogme :