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ORPHA[1]


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Et Noëmi ayant perdu ses deux fils. Mahalon et Chélion, qui avaient épousé deux filles Moabites, se leva avec ses brus pour sortir du pays de Moab… Et comme elles étaient en chemin pour retourner au pays de Juda, elle leur dit : « Allez et retournez, mes filles… » Orpha embrassa en pleurant sa belle-mère et s’en retourna ; Ruth s’attacha à sa belle-mère…

Et Ruth eut de Booz un fils qui fut nommé Obed.

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Le Livre de Ruth.




I


Tandis qu’à Bethléem tout un peuple s’agite,
Fêtant le nouveau-né de Ruth, la Moabite,
Que Noëmi le berce, et que Booz, enfin,
Sûr d’un lien fécond, s’endort en son déclin,
Au pays de Moab, celle que l’on a vue
Du chemin de l’exil se détourner vaincue,
Orpha, la sœur de Ruth, s’asseyait en pleurant
Sur le seuil de Joël le chasseur, son parent.

Veuve de Chélion, réputée étrangère,
La loi lui ravissait jusqu’au champ de sa mère ;
Chaque parent, d’ailleurs, indigent ou cruel,
Repoussait l’orpheline ; un seul restait : Joël.

C’était un homme dur, grand chasseur, âme sombre,
De ceux qui dans l’assaut comptent peu sur le nombre,

  1. Extrait du volume de la Revue de Paris du 1er juillet 1853.