Page:Belon - L’histoire naturelle des estranges poissons marins.djvu/47

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ARistote au iiiie livre des parties, parlant des poissõs & prĩcipalemẽt du Daulphin dict ces mots : Sunt & oris discrimina. Aliis enĩ os ante, & pronũ est. Aliis infra parte supina: ut Delphinis, & cartilagineo generi. Quã ob rẽ hæc nisi cõversa resupinẽtur, cibũ corripere nequeũt. Quod natura non modo salutis gratia, cæterorũ pisciũ fecisse videtur (dũ enim sese ista cõvertunt mora intercedit, qua piscis quem insectãtur, evadere possit : nã omnia id genus rapina pisciũ vivũt), verũ etiam ne nimis suã devorandi aviditatẽ explerent. Quũ enim facilius caperẽt, brevi per ĩmodicã satietatẽ perirẽt. quoniã etiã quũ rostrũ eorũ structura tereti ac tenui sit, facile scindi in oris habitũ nõ potest. Et au viiie livre de l’histoire : Cæteris piscibus captura minorũ à frõte agitur ore, ut solẽt meare. At cartilaginei, & Delphini, & omnes cætacei generis resupinati corripiunt, habẽt enim os subter. Unde fit, ut periculũ minores facilius possint evadere. Alioquin pauci admodũ servarentur quippe quũ Delphini celeritas, atque edendi facultas, mira esse videatur. En ces lieux Aristote ha faict descriptiõ correspõdẽte en toutes qualitez a nostre Bec d’oye, cõme ie prouveray par sõ anatomie, principalement en descrivãt celle de la gorge qu’il a moult estroicte. Ce que nature ha expressemẽt voulu faire, pour le salut des autres poissons. Car pendãt le temps que les Daulphins se renversent, les poissons qu’ils pourchassent ont espace de fuir, tellement que par ce moien ils eschappent. Autrement si cela n’estoit, il ne s’en saulveroit pas un de leurs gueulles, veu mesmement que leur vistesse est quasi incomparable : Et que leur appetit de manger est quasi insatiable. Mais nature la faict aussi pour leur profit, a fin qu’ils ne se remplissent par trop en devorant ardemment. Car s’ils eussent peu prendre facilemẽt les autres poissons, ils n’eussent pas long tẽps vescu, mais ils se fussent incontinent gastez de gourmandise, en se saoullant oultre raison. Et aussi ne peuvent ils pas facilement prendre le poisson, pource qu’ils ont le bec long & rond & delié, qui ne se peult pas aisement ouvrir en une ample espace de gueule. Et quand ils ont grand faim & sont hastez de poursuivre quelque poisson iusques bien bas en la profõdité de la mer, ne pouvants plus long temps se contenir leans sans respirer, ils se dardent si viste pour retourner trouver l’air, ils vont plus roide que ne faict une flesche d’escochée d’un arc par un fort bras. Et n’y ha point de faulte que ils ne s’eslancent moult hault en l’air en saultant, mais quant a ce