Page:Belon - L’histoire naturelle des estranges poissons marins.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sans tunique, il fault entendre qu’ils aiẽt premieremẽt esté leans creez en œuf : & puis de la petit a petit prẽnent leurs formes dedẽs les ventres, dont a la parfin sont produicts les petits, lesquels en apres les meres mettent hors touts nuds sans secondine. Voyla quant aux poissons cartilagineux qui en naissant sont exclos sãs aucun enveloppement. Mais des terrestres la Salmandre rend ses petits en vie ia parfaicts, & qui scavent cheminer des l’heure mesme qu’ils sont hors : & de quarãte ou cinquãte qu’elle rend, il n’y en a pas un ẽvelopé de tunique, nõ pl que les petits de la Vipere, laquelle rẽd aussi ses petits en vie, sãs secõdine : car ses petits furent premierement en œuf en la matrice, mais a les esclorre elle les rẽd sãs tuniques, cõme maistre Pierre Geodõ, tres expert appoticaire, ha veritablemẽt observé. La Chauve souris aussi, rend ses petits en vie sãs tunique : ce que ne fõt les Rats, Souris, Taulpes, & autres a qui elle est sẽblable. Les Insectes aussi cõme sont Phalangiõs, & Escherbots, cõçoipvent sẽblablemẽt les œufs en leurs ventres, dont puis est procreé l’animal sans tunique, lequel ils gardent ia parfaict soubs leurs poictrines. Mais le Daulphin, le Chauldron, l’Oudre, le Veau de mer, & la Baleine, ne font pas ainsi : ains font leurs couches sans l’aide de ceuls qui relievent les petits, & toutes fois il ne laisse a sortir grande quãtité de sang du nombril du petit qu’ils enfantent, & principalement quand ils separẽt les tuniques ou secõdines. Et fault necessairement apres que le petit a esté rendu hors la matrice de la Daulphine, que la mere luy separe la secondine avec les dents, & la luy couppe & separe du nõbril, comme aussi font touts autres animauls a quatre pieds, ainsi qu’ils sont apprins de nature. I’avoye cessé de parler des veines qui sortent du corps de la veine cave, & entrent par les eynes en la matrice, qui sont celles qui baillent la nourriture au petit : laquelle nourriture luy est premieremẽt cõmuniquee par le moyen de sa tunique : car elle est comme une esponge humide, laquelle appliquee a une autre, la rend humectee, tellement que de la matrice, le nourrissemẽt peult facilement passer a la secõdine, laquelle n’est aussi qu’une masse de veines, non plus qu’est la matrice. Ceci ne soit trouvé difficile car toutes se rẽdent a l’Urachus, qui est un seul corps ou se referẽt toutes autres ligatures de la secõdine a son nombril. La matrice des Daulphins est cochee a la