Page:Belon - L’histoire naturelle des estranges poissons marins.djvu/85

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ouy racompter touchant le Marsouin. C’est qu’il soit advenu a un maistre d’hostel de chez le Roy, d’avoir trouvé un si grãd Marsouin dedens le ventre de sa mere, qu’il ne le peut veoir sinõ par grand admiration, parquoy il le trouva d’autant plus digne de le faire veoir au Roy Françoys, lequel fut si grand admirateur des œuvres de nature, qu’il vouloit expressẽent qu’on luy presentast tousiours quelque chose de nouveau, aussi on le luy presenta onc chose tant fust petite, qu’il ne l’estimast grandement, & usast de grande liberalité a celuy qui la luy presentoit. Mais apres qu’il eut veu un si grand poisson qu’on avoit trouvé au vẽtre d’ũ Marsouin, alors il commanda qu’on luy appellast ceuls desquels il attendoit en avoir certain iugement, mais ils furent d’opinion touchant cecy, que le Marsouin l’avoit ainsi avallé : disants que les poissons se mengeoient l’un l’autre, non sachants que les Marsouins portassent leurs petits si grands, & qu’ils les rendissent en vie. Or ceste fois la on avoit aussi amené un poisson Chauldron quant & le Marsouin, lequel Chauldron il voulut veoir departir en pieces, & le bailler aux Souisses de sa garde, car il n’en voulut pas manger. Toutes lesquelles choses ie n’ay pas veu moimesme, mais ceci me fut dict en regardant ouvrir un Marsouin a Sainct Germain en laie, presents les Escuiers & quelques maistres d’hostel, qui disoient en avoir trouvé une cinquantaine de petits en leurs vies es ventres de leurs meres : mais qu’ils n’ont souvenance d’en avoir onc trouvé plus d’un petit au coup. Semblablement nous avõs tousiours eu soing de recouvrer les petits de ceuls qu’õ apportoit aux halles a Paris, car la coustume est de les envoyer iecter en la riviere. En sorte que nous en aions eu telles fois quatre a un iour de vendredy, du moys de May. Mais ie n’en sceu onc veoir plus d’un a la fois, combien que ie seroye bien d’opinion qu’ils en peuvent avoir deux, comme Aristote l’ha escript. Voyla touchant le nombre des petits que le Daulphin, & Marsouin portent en leurs matrices.

XI.

Description de l’interieure anatomie de l’Oudre, que les Latins nomment Orca.

A fin de distinguer chasque chose en son chapitre particulier,