Page:Belon - L’histoire naturelle des estranges poissons marins.djvu/92

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Car il ha les arrests des deux costez, qui ne sortent pas aiseemẽt. Toutesfois si le harpon n’estoit attaché a si longue corde, le Daulphin se sentant frappé, de la vistesse qu’il desloge, il deschireroit plustost sa chair, qu’il n’eschapast. Et pour eviter la premiere violence & secousse, on l’attrempe avec tel artifice. Ce que nous nõmons Harpon, les Italiens l’appellent una Delphiniera. Les mariniers qui vont en voiage loingtain, en portent expressement en leurs navires pour lancer indifferemment sur toutes especes de poissons Cetacees. Et cõbiẽ que i’ay dict que les Italiens ne mãgent point de Daulphin, i’entens du commun peuple, qui aiant d’autres choses a commandement, n’estime rien la chair du Daulphin ou Marsouin. Mais les gents de marine, estants sur mer en leurs vaisseauls, & principalement sur navires qui ne touchẽt terre quasi pas en un mois ou deux une fois, n’auroient esgard a mãger d’un Regnard de mer, cõbiẽ qu’il est du plus mauvais goust qu’õ sache poĩt trouver en la mer, du quel la presẽte est la figure.

Peincture du Regnard de mer.

VOila donc une maniere de pescher les Daulphins au harpon. L’autre maniere dont i’ay parlé, est qu’ils s’enuroullent &