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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/120

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MA FEMME

derrière mes persiennes, la suivre des yeux, et me convaincre qu’elle passait devant la maison de la comtesse sans y entrer.

« Cette situation ne peut durer, me dis-je ; elles sont trop fières pour s’adresser à moi, et me prier de leur rendre leur existence passée. Elles comptent toutes les deux sur le temps, sur la réflexion, sur mon amour, pour que je m’attendrisse de moi-même ; mais lorsqu’elles reconnaîtront qu’il n’y faut plus compter, alors… »

Étais-je assez misérable ! Tenir avec tant d’acharnement à une femme qui ne voulait pas de moi.

Jamais peut-être mes nerfs n’avaient été plus surexcités qu’à cette époque. Jamais mes désirs n’avaient été plus vifs.

Ma liaison avec Mlle X… avait sans doute amené ce résultat ; aux côtés de la femme qu’on n’aime pas, on est toujours tenté de songer à la femme qu’on aime. On la voit, on l’entend, on se dit : « Oh ! si c’était elle !» La tête s’exhalte, et celle qui vous devait guérir de votre amour pour une autre, ne parvient qu’à l’augmenter.