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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/205

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MADEMOISELLE GIRAUD

le monde et la bourgeoisie qu’à l’état d’exception, mais je me refusais à croire à cette exception.

Il fallut cependant me rendre à l’évidence.

Séduit par l’éclatante beauté de l’amie de Paule, par son esprit et son originalité, le comte avait fait, comme moi, un mariage d’inclination. Mais il était moins coupable que je ne l’avais été : loin d’imiter la franchise de Mlle Giraud, la fiancée de M. de Blangy se garda bien de l’éloigner du mariage ; elle mit en œuvre, au contraire, toutes les séductions dont la nature l’avait douée pour l’engager à lui donner son nom et sa fortune. Il est vrai (on doit lui rendre cette justice), qu’elle ne se conduisit pas absolument avec M. de Blangy, comme Paule se conduisit avec moi : elle ne mit aucun verrou à sa porte et ne parut pas avoir prononcé des vœux de chasteté. Le comte eut sur moi une supériorité incontestable : il fut le mari de sa femme. Mais il ne tarda pas à s’apercevoir de sa froideur, de l’éloignement qu’elle avait pour lui, de la répugnance qu’elle éprouvait à remplir ses devoirs d’épouse. Elle apportait dans leurs rapports, une réserve, une si complète indifférence, que M. de Blangy, habitué, avant son mariage, à trouver chez les femmes plus de bonne grâce et d’abandon, s’alarma sérieusement. Comme je me