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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/227

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MADEMOISELLE GIRAUD

que sorte, complice des fautes de ma femme ; j’aurais eu mauvaise grâce à les lui reprocher, et le mépris que je lui aurais fait sentir serait retombé en partie sur moi.

Je me décidai donc, par respect pour moi-même, à ne plus parler du passé, à l’oublier autant qu’il me serait possible et à me faire, ainsi qu’à Paule, une vie nouvelle. Si vous m’accusez de porter un peu loin l’indulgence et le pardon des injures, je vous répondrai que vous ne pouvez être juge dans ma propre cause. Je ne suis pas indulgent, j’aime ; c’est là ma seule excuse. Comment mon amour existe-t-il encore ? Ah ! voilà ce qui peut vous étonner et ce que vous êtes en droit de me reprocher. Mais votre étonnement n’égalera jamais le mien et, quant aux reproches, je ne me les épargne pas.

Ne croyez pas, cependant, que je me dispose à donner un libre cours à cet amour, à en accabler de nouveau celle qui me l’inspire, à profiter des avantages que me créent les mesures rigoureuses auxquelles je me suis décidé. Non, je saurai être maître de moi, je saurai attendre ; n’y suis-je pas habitué ? Malgré mon coupable attachement, j’ai encore quelques sentiments de dignité ; il ne me conviendrait pas, du jour au lendemain, de témoigner devant Paule de ma faiblesse, et de consentir,