Aller au contenu

Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/265

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
260
MADEMOISELLE GIRAUD

m’avoir pas attendue ? Pourquoi m’avoir abandonnée ! M’avoir livrée à sa merci… moi si faible et si lâche, auprès d’elle… Vous me méprisez… je vous fais horreur… Vous ne voulez plus me voir. Ah ! je vous comprends… je vous comprends et cependant je devenais meilleure, je vous le jure, je renaissais à une nouvelle vie, un grand travail se faisait en moi. Mais il n’avait pas encore eu le temps de s’accomplir ; je n’étais pas encore assez forte, assez purifiée, assez-régénérée pour résister aux mauvais conseils. N’ai-je pas osé vous avouer quelle influence elle exerçait sur moi ! Comme elle me dominait ! Comme elle m’avait asservie !… Je ne voulais pas partir… je voulais vous attendre. Mais vous ne reveniez pas… je ne savais pas ce que vous étiez devenu. Puis, j’avais peur de vous, je me disais : me pardonnera-t-il encore ? Je n’osais l’espérer… Et, Elle, Elle ! toujours près de moi, toujours à mes côtés ; elle me reprochait ma faiblesse, ma lâcheté, elle me disait… Oh ! je me tais, je me tais, est-ce que je devrais même vous parler d’elle ? Enfin, elle m’a décidée, je pars… Je vais où elle me conduira… Que sais-je ? Que m’importe où je cacherai ma honte… Je suis une créature déchue, perdue… Je suis moins que rien et jamais je ne me relèverai… Vous avez