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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/34

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MA FEMME

le dos ; il fallait bien lui céder. J’étais donc ravi d’avoir trouvé moi-même chez une jeune fille, sans doute à marier, l’imperfection rêvée et je m’endormis enfin, vers les cinq heures du matin, en me disant que si je n’avais pas juré de rester garçon, Mlle Paule me conviendrait sous beaucoup de rapports.

Le lendemain et les jours suivants, je ne pus m’empêcher de songer à chaque instant à ma jolie voisine ; j’allai même à deux ou trois reprises aux Champs-Élysées, dans l’espérance de la revoir ; elle ne s’y montra pas. En même temps, presque à mon insu, je revenais peu à peu à mes anciennes idées de mariage. Je m’avouais que je n’avais eu aucun motif sérieux pour les abandonner. Je trouvais mille raisons pour prendre ma vie de garçon en horreur : mon linge était mal blanchi, j’étais mal servi, mal nourri, mon valet de chambre me volait ; en un mot, ma maison avait besoin de l’intelligente direction d’une femme.

Ma longue solitude commençait aussi à me peser, et je reconnaissais que le moment était venu de me créer un intérieur et une famille.

Le travail qui se faisait dans mon esprit me décida,

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