Aller au contenu

Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/63

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
58
MADEMOISELLE GIRAUD

Vers les huit heures du matin, lorsque j’entendis les domestiques se remuer dans la maison, je m’empressait de quitter mon canapé virginal, où je n’aurais pas été flatté d’être surpris en tête-à-tête avec moi-même, et je passai dans le cabinet de toilette afin de me faire une physionomie présentable.

Un instant après je sonnai la femme de chambre ; affectant de sortir de l’alcôve nuptiale et de lui parler au nom de sa maîtresse, je lui donnai quelques ordres. Le déjeuner me mit en présence de Mlle Giraud. (Vous ne vous étonnerez pas si je lui donne encore son nom de demoiselle.) Elle s’avança vers moi sans témoigner ni empressement ni froideur, et me tendit la main comme on la tend à un camarade qu’on a du plaisir à revoir.

Sa toilette du matin lui allait à ravir ; je ne l’avais jamais vue plus fraîche, plus charmante, plus reposée. On le serait à moins.

Elle causa avec esprit, avec gaieté, comme une femme qui semble décidée à égayer la maison où elle vient d’entrer, à y apporter le sourire et la joie. On n’aurait jamais dit une nouvelle mariée, tant elle était à l’aise, donnant avec douceur des ordres aux domestiques, faisant des recommandations sensées, prenant déjà les rênes de la