Page:Beltjens - Le condor captif, Aurore, 1885.djvu/21

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D’un nimbe éblouissant de gloire sidérale,
L’ombre de Beethoven rêvant sa pastorale.

Et moi, fuyant la ville et ses mille soucis,
Pendant ces doux concerts au pied d’un chêne assis,
À toi je songe, à toi, ma jeune fiancée,
Aurore de mes jours, printemps de ma pensée ;
Toi que je vis surgir dans mon obscur destin,
Avec tes yeux plus beaux que l’astre du matin,
Ton sourire plus frais que la rose vermeille,
Et la voix aux chansons des fontaines pareille !
Tes lettres à la main, je pleure et je souris ;
Quand je lis en tremblant la page où sont écrits
Tes serments de tendresse et d’amour éternelle.
Un nuage céleste obscurcit ma prunelle ;
Le parfum pénétrant du tiède renouveau
Comme un divin nectar m’envahit le cerveau ;
Dans le souffle embaumé qui monte de la plaine
Il me semble à longs traits aspirer ton haleine ;
D’extase, de bonheur je sens mon cœur ployer ;
Et je rêve ; et déjà, reine de mon foyer,
Et reine de mon cœur enchanté de sa chaîne,
Par la grâce de Dieu doublement souveraine,
Je te vois jeune épouse et jeune mère aussi :
Deux enfants, une fille, un garçon, cher souci,
Dans le frais clair-obscur où ton ombre circule.
L’une pareille à l’aube et l’autre au crépuscule,
Je les vois, je les tiens tous deux sur mes genoux.
Joyeux et beaux tous deux ; et toi derrière nous,
Au baiser du matin tes lèvres déjà prêtes,