Page:Beltjens - Le condor captif, Aurore, 1885.djvu/7

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Dans quelque port voisin vienne abriter ses mâts,
Balançant les trésors, les fruits, les fleurs sauvages
Et les bois odorants de ces heureux climats,

Et qu’un souffle enjoué de la brise marine,
À travers les barreaux de ce cachot fatal,
Aux premiers feux du jour apporte à ta narine
L’arôme inquiétant venu du sol natal,

C’en est fait ; que le joug endorme un cœur vulgaire !
Le sang qui parle en toi regimbe sous l’affront ;
Tu tressailles pareil au grand cheval de guerre,
Quand de son écurie il entend le clairon.

Le grandiose aspect de tes Andes sublimes,
Où parmi les volcans sont couchés tes aïeux,
Où ta mère, nichée au bord des noirs abîmes,
Couva tes premiers jours, surgit devant tes yeux ;

Et ton oreille entend, livrant en longs tonnerres
Leur hymne pindarique aux grands vents orageux,
La cataracte énorme et les bois centenaires
Qui de ta belle enfance accompagnaient les jeux !

Une immense espérance allume ta prunelle ;
Un long frisson d’amour parcourt ton dos nerveux ;
C’est le mal du pays qui soulève ton aile,
Et vers ton cher Pérou tu sens aller tes vœux !

Le pays, le pays ! dans ta cage accablante,