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Quand, reprenant alors ta tâche moins ardue,
Plus légère à ton pied et moins lourde à ta main,
Tu dirais qu’un parfum de joie inattendue
Embaume les buissons le long de ton chemin ;

Et si, le cœur soumis à la loi souveraine
Tu trouves que le sort a moins d’inimitié,
C’est que derrière toi, pour soulager ta peine,
De la charge d’opprobre il porte la moitié !

Chaque soir, en rentrant, sa main qui te délivre
Met un verrou de moins à ton noir cabanon,
Et, comptant tes soupirs qu’il annote en son livre,
Pour chacun de ta chaîne il détache un chaînon.

Et quand tu sens tes pleurs, gouttes silencieuses,
Ruisseler lentement de ta paupière en feu,
En secret il en fait des perles précieuses
Qu’il baise avec amour et qu’il apporte à Dieu !

Trêve au blasphème ! trêve à la révolte impie !
Cultive sans repos, d’un bras jamais lassé,
Le champ de la souffrance où ta sueur expie
Tes péchés inconnus que voile le passé !