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Page:Beltjens - Sonnets à Lamartine, 1888.djvu/9

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V.

Quand la première fois résonna sur la terre,
Comme le chant lointain d’un autre firmament,
Ta douce voix de cygne, où vibraient vaguement
D’ineffables échos de l’éternel mystère ;

Le malheureux pleurant dans son coin solitaire,
Le penseur, le poète, et l’amante et l’amant,
Et le prêtre à l’autel, pleins de ravissement,
En regardant les cieux, ne purent que se taire.

Alors ils sont venus, leur hotte sur le dos,
Les chiffonniers de l’Art, chargés d’impurs fardeaux,
Dans le temple, en hurlant, brocanter leurs scandales ;

Mais j’aperçois le Temps, près des tables d’airain,
Qui se lève, et d’un coup de son pied souverain
Va les mettre dehors, tous ces hideux Vandales !