Page:Belzoni - Voyages en Égypte et en Nubie, 1821, tome 1.djvu/155

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Cependant le cacheff demeura persuadé que cela ne vaudrait rien ; car alors, dit-il, ceux qui ne se plairaient plus en Nubie, vendraient leurs vaches et leurs chèvres, et s’en iraient vivre en Égypte. Il n’avait peut-être pas tort, et il y avait de la franchise à faire cette remarque devant ses sujets opprimés. L’un deux prit la piastre de mes mains ; et après l’avoir regardée quelque temps, il me demanda qui est-ce qui voudrait donner quelque chose pour ce petit morceau de métal. Tout le monde, lui répondis-je, vous donnera pour cela une mesure de dourrah, suffisante pour nourrir un homme pendant trois jours. Gela peut être ainsi dans. votre pays, dit-il ; mais je suis sûr qu’ici personne ne vous donnerait seulement six grains de dourrah pour cette petite plaque de fer. Je lui assurai que s’il allait à bord de notre bateau, et qu’il y présentât cette monnaie au premier venu, il obtiendrait pour cela la quantité de dourrah que j’avais dite. Aussitôt mon Nubien part comme un trait, et, au bout de quelques minutes, il revient avec du dourrah qu’il tient dans un chiffon attaché à ses vêtemens.

J’avais d’avance instruit le rays du bateau de ce qu’il fallait faire en cas qu’un des indigènes vînt se présenter avec une pièce de monnaie,