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voyages en égypte,


ne vîmes plus personne. Les insulaires avaient abandonné leurs huttes, en y laissant tout ce qu’ils possédaient ; ce qui se réduisait à des dattes séchées, et une sorte de pâte faite du même fruit et conservée dans de grandes jarres de terre-glaise cuite au soleil, qui étaient recouvertes de paniers tressés en feuilles de palmier. Un âtre pour cuire leur nourriture et une natte pour coucher, composaient tout l’ameublement de leur demeure. Ils avaient des pots et des outres de cuir pour puiser de l’eau au Nil et en arroser leurs terres. Au reste ; toute la population de l’île ne se montait qu’à quatre hommes et sept femmes, avec deux à trois enfans. Ces insulaires n’ont de communication avec la terre-ferme, que lors des basses eaux ; parce que, dans d’autres temps, le courant, étant immédiatement sous la cataracte, a trop de rapidité pour être guéable ; et quant aux bateaux, il n’en vient guère à ces îles ; rarement ils remontent plus haut que Wadi-Halfa. Ces gens sont pauvres, mais heureux ; ne connaissant aucun des besoins créés par le luxe, ils vivent contens de ce que la Providence leur accorde comme fruit de leur travail. Ils ont quelques brebis et chèvres qui leur fournissent du lait pendant toute l’année ; ils cultivent aussi des champs et les entretiennent bien ; le dourrah qu’ils récoltent,