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voyages en égypte,


rence de désintéressement qu’il n’est pas habitué à rencontrer en Europe, s’avise d’accepter le moindre présent sans le payer sur-le-champ, ou de ne le payer qu’à sa pure valeur, il verra les égards disparaître et faire place à la grossièreté. Si l’argent qu’il donne ne remplit pas leur attente, ils le lui jettent avec dédain ; s’il veut passer outre, ils l’assaillent et le forcent de satisfaire d’abord leur cupidité. Voilà l’expérience que l’on acquiert quand on a des relations plus particulières avec les Arabes et les Barabras. C’est dans les affaires journalières qu’on les trouve variables, sans parole, intrigans et fourbes au point qu’il est difficile au voyageur d’éviter un des mille piéges qu’ils tendent à sa bonne foi.

La friponnerie de l’aga, qui m’a fait faire cette remarque, atteignit son but comme il l’avait souhaité ; je satisfis ses demandes d’huile, de vinaigre, de bouteilles vides. Nous quittâmes Assouan sur son bateau dans la matinée du 29 ; et à l’aide d’un courant rapide nous fûmes à Ésné deux jours après. Khalil-bey était absent, et son hasnadar, ou trésorier, ne savait rien des prétendues dépêches qui m’avaient été envoyées en Nubie ; quand j’eus occasion, quelque temps après, de voir le bey, il m’assura n’avoir jamais expédié des ordres de ce genre.