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voyages en égypte,


chement. Je n’étais pas peu surpris de tant d’avances ; mais je ne tardai pas à découvrir le motif du changement qui s’était opéré dans l’esprit du cacheff. Le soldat m’apprit que son maître était dans une colère épouvantable contre un certain franc, son correspondant et son ami, de qui il s’était attendu, depuis quelque temps, de recevoir un présent d’un grand prix, mais qui venait de lui envoyer à la fin, pour tout cadeau, quelques bouteilles avec des poissons qui fourmillaient dans le Nil, et avec des olives qui ne valaient pas une pipe de tabac. Je m’imaginai bien la fureur dans laquelle devait être le cacheff, et je pensai qu’il fallait profiter de l’occasion, et battre le fer tandis qu’il était chaud. Sans faire connaître aux bateliers les avances que ce chef venait de me faire, je convins avec eux que nous nous rendrions ensemble à Esné, pour y faire juger notre différent ; je louai un petit bateau, et partis avec eux pour cette ville.

Arrivé à la hauteur d’Erment, je les priai de m’attendre un peu, vu que j’avais à parler au cacheff du village. Le soleil était couché depuis une heure, et le village était à un mille du fleuve. Je pris mon interprète et mon janissaire avec moi, et me rendis directement chez le cacheff devenu tout à coup mon ami. Je le