Page:Belzoni - Voyages en Égypte et en Nubie, 1821, tome 1.djvu/94

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C’est ce qui m’arriva à l’égard du caimakan. Après avoir vomi des injures contre ma nation et contre ceux qui me protégeaient, il poussa l’audace jusqu’à mettre la main sur moi. Alors je commençai à lui résister. Emporté par la colère, il tira son sabre pour m’en porter un coup. La leçon que j’avais reçue au Caire, d’un autre Albanais, me fut présente en ce moment. Au lieu de lui laisser le temps d’exécuter son projet, je me jette sur lui, le désarme, et lui mettant les poings sur l’estomac, je le fais reculer dans un coin de la chambre, où il fut obligé de se tenir coi. Après lui avoir fait sentir d’une rude manière la supériorité de mes forces physiques, je pris ses armes, que mon janissaire avait ramassées, et je lui dis que je les enverrais au Caire, pour prouver au pacha comment on respectait ses ordres. Il me suivit vers le bateau, et à peine fut-il hors de la foule qui s’était amassée, qu’il devint tout-à-fait souple et engagea la conversation, comme s’il ne s’était rien passé. Il me dit alors que l’ordre donné aux fellahs de ne plus travailler, lui avait été transmis par le cacheff, et que je devais bien penser que n’étant que simple caimakan, il ne pouvait se permettre de désobéir à son supérieur. Sans perdre de temps, je me fis transporter en bateau à Erment.