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voyages en égypte,


gnées l’une de l’autre de quatre, six à huit journées ; encore ne donnent-elles pas toutes de l’eau douce ; la plupart au contraire sont salées et amères, et ne servent qu’à désoler le voyageur altéré qui est accouru dans l’espoir de trouver la fin de sa souffrance. Il se détourne avec chagrin de la source perfide, et va chercher un autre puits ; il est assez heureux d’en trouver un après une longue marche ; mais, hélas ! ce puits est à sec. Il n’a plus la force de marcher ; quelquefois il est réduit à l’affreuse nécessité de tuer son chameau, afin de boire l’eau qui est contenue dans l’estomac de l’animal : cependant désaltéré, il n’a plus le moyen de traverser le désert. Je n’ai heureusement pas été réduit à ces extrémités ; mais j’en ai entendu raconter des détails horribles.

Quand la soif accable une caravane entière, celui-là est riche qui possède encore une tasse d’eau. En vain le voyageur que le manque d’un peu d’eau va faire périr, implore-t-il la pitié de son compagnon de voyage qui en est pourvu. Pendant cette calamité tous les sentimens humains sont éteints dans le cœur des hommes. Le mourant offre toute sa fortune, pour une coupe remplie d’eau ; son offre est rejetée, parce que celui qui possède la coupe, n’a que ce seul moyen de prolonger sa vie, encore risque-t-il d’ex-