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dation. Dans ces calamités, les habitans ne sont secourus qu’en dernier lieu et lorsque le grain est en sûreté ; car le grain constitue le revenu du pacha. L’eau n’était plus qu’à quatre pieds au dessous du village, et les malheureux fellahs étaient jour et nuit sur pied pour veiller à leurs digues. Ils puisaient l’eau qui filtrait à travers la terre, dans leurs outres de peaux, pour la jeter dehors ; ils s’estimaient encore heureux si le fleuve ne renversait pas leur digue. Nous offrîmes au caimakan de l’emmener dans notre bateau ; mais il ne pouvait quitter le village confié à sa surveillance. A notre départ, il y eut si peu de vent que nous n’avançâmes guère, et que nous fûmes obligés le soir d’amarrer auprès de quelque terrain élevé entre Agalta et Erment.

Le 17, nous passâmes auprès de plusieurs villages qui couraient grand risque d’être anéantis. La rapidité du courant avait entraîné leurs faibles digues, et les malheureux paysans étaient obligés de chercher un refuge sur des terrains plus élevés, pour sauver au moins leur vie. Leur détresse offrait un spectacle désolant ; quelques uns n’avaient plus qu’un peu de terre, et le fleuve allait encore s’élever pendant douze jours, pour rester ensuite au même niveau pendant douze autres jours. Heureux ceux qui pouvaient at-