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voyages en égypte,


vit à aller chercher les habitans d’un village de l’autre bord ; le caimakan fit aussi le trajet avec un bateau du pays, et revint une heure après avec des hommes et de jeunes garçons. Les deux bateaux firent ensuite un second voyage pour prendre à bord d’autres hommes, du grain et des bestiaux. Dans un troisième voyage on ramena encore du grain, des buffles, brebis, chèvres, ânes et chiens. Je trouvai singulier que dans tous ces trajets on n’eût pas emmené une seule femme ; mais dans le quatrième voyage enfin le tour vint à ces êtres infortunés qui chez les Arabes d’Égypte sont la dernière des propriétés, et que l’on ne sauve que lorsque tout le reste, les vivres et bestiaux compris, est en sûreté. Les Turcs et Arabes refusent d’admettre une âme chez les femmes, et ils les traitent en effet comme si elles n’en avaient pas, ou comme s’ils voulaient les en priver.

Le 18 nous atteignîmes Esné. Khalil-bey s’étant rendu au Caire, pour prendre le commandement de la province de Beny-Souef, il était remplacé dans le gouvernement d’Esné par Ibrahim-bey. Celui-ci nous reçut avec beaucoup de politesse, et nous donna un firman pour le cacheff qui commandait dans la province d’Edfou. A notre retour au bateau nous apprîmes