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ANTOINE DÉCHAÎNÉ

d’une part, les scènes sauvages de la Camargue ; de l’autre, le drame à la ferme de Castelet (ça pour demain et jours suivants) ; mais au milieu, j’ai Arles, la ville de cette femelle ! (il désigne l’Arlésienne qui ne bronche pas). Car il faut qu’on la voie partout dans sa ville. Je veux la « tourner » devant Saint-Trophime, aux Alyscans, aux courses : il y a des courses tantôt, où des marchands d’oranges s’amusent avec quelques vaches crevées. Et enfin, il faudra placer deux ou trois belles scènes, devant sa propre maison, dans sa ruelle ignoble.

En trois phrases, il m’a dit tout le plan du drame et celui de sa journée. Journée surprenante. On le verra aux quatre coins de la ville, qu’il animera cinq heures durant, de sa passion dramatique.

On le trouve d’abord, ainsi qu’il l’annonça, avec sa troupe devant le portail de Saint-Trophime. Il veut que devant les vieux saints de pierre se profilent la silhouette exquise de Vivette, et le visage fatal de l’Arlésienne. On tournera donc deux