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ANTOINE DÉCHAÎNÉ

et de soif. J’ai ce que je voulais et j’en ai trop vu. Au revoir !

Un signe à l’opérateur, un à Mitifio, un au régisseur ; et ce sont les ruelles populeuses et crasseuses, le long du Rhône, qui maintenant vont voir Antoine.

À la seconde où son auto démarre devant les arènes, la grande cantatrice s’en échappe, et essoufflée :

— Il y a bien une petite place pour moi ?

Antoine lève les yeux au ciel :

— Non, madame !…

— Monsieur Antoine, soyez gentil !

— Madame, vous n’êtes pas de la scène de la ruelle !

Il a fait signe au chauffeur qui accélère. Il prend rageusement une embrasse :

— Je vais la réexpédier à l’Opéra.

Puis il demande au régisseur :

— C’est prêt où nous allons ? Les gens sont prévenus ?