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ANTOINE DÉCHAÎNÉ

elle pousse des cris de chinoise torturée, mendiant un regard d’Antoine. Aussitôt, il détourne les yeux. Mais déjà le régisseur, vexé de son échec, a dit brutalement, prenant la voix du patron :

— Demi-tour, madame ! Vous gênez ici !… Au bout de la ruelle, madame !

Et la grande cantatrice, indignée, toujours une main sur l’épaule de son guide, telles les reines d’Opéra quand elles lancent leur morceau, se rebiffe, s’ébroue :

— En voilà des façons de me parler !… Mais, monsieur, je ne vous permets pas !… Est-ce là les mœurs du cinéma ? En ce cas, je ne ferai plus de cinéma ! Je n’ai jamais tenu, moi, à faire du cinéma !

Onctueux et noble, le Sociétaire intervient :

— Madame, il ne faut pas s’irriter.

— Cher monsieur, s’il n’y avait que des hommes galants comme vous…

— Chère madame, Antoine est un génie ! Et