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Page:Benjamin - Antoine déchaîné, 1923.djvu/149

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ANTOINE DÉCHAÎNÉ

Mamaï idéale. Et. pour comble de bonheur, voilà le mistral !

— Il va me décoiffer, crie la grande Cantatrice.

— Bravo ! Rien de plus beau que le vent dans les cheveux. Restez là, les coudes sur le parapet. Très bien. Et vous, tournez ça !… Mais tournez donc, Monsieur !… Madame, toujours le même sentiment : l’attente ! Le poing enfoncé, qui crève la joue dans l’angoisse !… Bon ! Très beau !… Arrêtez ! Ça sera épatant !

Il travaille ainsi deux heures dans la joie et la foi, sans même s’apercevoir qu’il esquinte pour de bon cantatrice et opérateur. Celui-ci, nerveux, gâche cinquante mètres de pellicules. Antoine se pique, se bute et lance tout à coup :

— Allons bouffer ! Ça suffit pour ce matin. Il doit être midi.

Il est même une heure. C’est peut-être la faim qui, tout à coup, l’indispose. Bref, il arrive grommelant dans le pré où s’est réfugiée la troupe :