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ANTOINE DÉCHAÎNÉ

On verra au pied du Castelet arriver Vivette, qui vient de son mas. La voiture s’arrête ; le cheval s’émouche ; la petite descend, chargée comme une abeille, ainsi que dit Daudet. Elle est charmante, les bras levés, quand elle prend des mains de l’homme qui l’a conduite ses paquets, sa galette, son panier. Antoine pense comme le patron Marc :

— Quel joli perdreau de fille !

Puis, voici Balthazar avec l’Innocent. Pour la première fois, depuis quatre jours qu’on le promène, le Sociétaire joue enfin. Et il joue lentement, posément, avec la dignité qui convient à son titre. Antoine est en joie.

— Ça y est ! Le soupir, qui lève les épaules… Et la tête qui dodeline ! Parbleu !

Quand le jeu est fini, le Sociétaire demande :

— Ça va, patron ?

— Si ça va ! On se croirait au Théâtre-Français ! Quant à l’Innocent, c’est un enfant dont le