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ANTOINE DÉCHAÎNÉ

avec votre derrière : on s’en fout de votre derrière ! Recommencez ! Reprenons tout ! Attention ! On tourne !… Plus vite, monsieur ! Plus vite ! Prenez-la donc ! Engueulez-la ! Et vous, madame, répondez ! Non ! Non ! Ce n’est pas ça ! C’est de plus en plus raté !

Il s’éponge fiévreusement avec un foulard rouge qu’il vient de tirer d’une poche, et parlant aux tamaris, bougonne :

— Le film est foutu. — Rien à tirer de ce type-là. Je vais télégraphier à Paris qu’on me le rembarque…

Après quoi, la scène se tourne à peu près, sans que cette fois il dise un mot. Alors, il roule une cigarette, et riant soudain :

— Je suis complètement abruti de me faire de la bile !

Il y a un intermède : le cheval s’est échappé. Et le rouquin, par ses enjambées et ses appels de bras, l’a fait fuir irrémédiablement jusqu’à l’horizon.