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ANTOINE DÉCHAÎNÉ

généreux. Si on veut les forcer, elles ne reculent pas ; elles vont jusqu’au bout ; elles se font crever !

Les autres, à l’horizon, ont disparu. Allant de long en large, devant son mas, sans écouter ce qu’on lui dit, il parle seul par petites phrases :

— Un cheval… c’est comme une œuvre d’art. Un cheval… ce n’est pas une auto ! C’est une bête merveilleuse, dont le cavalier doit être le cerveau… faisant un tout avec elle.

Ce n’est plus un éleveur ; c’est un artiste, tout comme Antoine, qui à la même minute, doit hurler à Mitifio :

— Plus vite, monsieur ! Plus vite ! Foutez-lui donc des coups d’éperon !

Enfin… Dieu est grand, le hasard l’est aussi, et Antoine rentrera sans avoir crevé la bête. Soudain le marquis, qui cligne des yeux, bredouillera :

— Ah !… les voici qui reviennent !

Il reconnaît son cheval, quand il n’est encore qu’un point noir. Même à cette distance, il peut dire :