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ANTOINE DÉCHAÎNÉ


vent, et ratent ce qu’ils font. J’ai d’abord un peu gueulé. Maintenant, je compte sévir. Je vais en remettre un des trois au train : car chacun de ces bougres-là obéit à sa destinée confuse qui est toujours de retarder les choses. Finir un film en un mois, quel scandale ! Eh bien, ils vont voir. Ils vont au repos, ce matin ; qu’ils en profitent ; tantôt ça va marcher ! Je reste au lit pour prendre des forces… et déjà je me sens en forme !

Cette perspective le fait éclater de rire : c’est la fin ordinaire de ses rages, qui ne sont que la forme exagérée de ses convictions ; mais la violence de termes dont il les affuble l’amuse lui-même, et une joie saine épanouit tout à coup son visage brouillé par la colère. En riant donc il prononce :

— Effarant !

Et il ajoute :

— Si c’était moins embêtant, ça serait d’ailleurs moins rigolo.

Là-dessus, il se lève, heureux.