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GRANDGOUJON

Grandgoujon, qui n’avait en somme aucune tendresse spéciale pour Monsieur Punais et qui, à cette révélation, se voyait soudain profitant des faveurs de Madame, tapa la table pour accompagner les éclats de sa joie.

— Vous, nom d’une pipe, vous me plaisez ! C’est des amis comme vous qu’il me faut !… Quelle verve ! Vous me rappelez certains types dans les féeries de Shakespeare…

— Ne vous payez pas ma tête, dit Moquerard, ricanant. Et revenons à ce Punais. Lui, me rappelle, avec sa femme…

— Vous ne la connaissez pas ?

— Quand même elle me rappelle une pièce d’il y a dix ans : Les deux Dindons. L’avez-vous vue ?

— J’y ai été avec ma mère, dit Grandgoujon, mais je ne sais plus lequel a trouvé ça bien.

— Sincérité touchante devant quoi je m’incline, reprit Moquerard. Vous aussi, cher orateur, me plaisez !

— Alors, la main !

— Les deux !

— Et j’ai une sacrée envie de vous tutoyer, dit Grandgoujon.

— Me tutoyer ! Oh ! Tutoie-moi ! dit Moquerard. Et pour t’exercer, poteau, fais-moi le portrait d’la dame à c’t homme !

— Sans blague ! Ils ont pas fini d’parler femmes ! soupira Quinze-Grammes.

— Microbe ! répondit Moquerard. Ne décrie pas ce que tu ignores.

— Vous êtes des gosses.