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GRANDGOUJON

joyeuse du matin. De ses poings il tapa la porte, hurlant :

— C’est ignoble !… C’est pire qu’au Moyen Age !… Au secours !… J’exige qu’on m’explique !…

Le judas s’ouvrit, et le nez du garde parut :

— Soyez raisonnable… Qu’est-ce que vous voulez ?

— Pourquoi m’enferme-t-on ?

— Ah ! Mon Dieu ?… reprit le garde, sentez-vous pas vous-même que vous, avez besoin de repos ?

— Repos ?… Ouvrez !… Je veux revoir les majors !…

Lentement le judas se referma.

Alors, selon l’habitude, cette grosse nuée qu’était Grandgoujon creva tout à coup, et il fondit en larmes, cet homme de quarante ans. De pleurer le soulagea. Au lieu de menaçant il devint pitoyable. Et il regratta la porte, avec une prudente douceur. Le judas se rouvrit : ce garde n’était pas terrible.

— Puis-je au moins avoir du papier ? mendia Grandgoujon.

— On a le droit à rien vous donner, dit le garde.

— Mais il faut que je prévienne ma mère ! gémit Grandgoujon d’une voix enfantine.

— Oh ! reprit le garde, douloureux, elle doit savoir dans quel état que vous êtes.

Et il fit reglisser la planchette du judas.

Tout espoir s’évanouissait. Grandgoujon se