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GRANDGOUJON

— Ah ! Qu’est-ce qu’elle a ? dit Moquerard.

Ils la prirent, tandis que Mademoiselle Dieulafet faisait la mouche du coche : « Mon Dieu !… Oh ! Dieu !… Pourvu que ce ne soit que la chaleur !… » Ils la sortirent de la loge, sans que personne même les remarquât : le clown venait de faire une nouvelle chute extravagante, et les mille spectateurs étaient secoués par un rire plus fort que leur volonté.

Lorsque Grandgoujon et Moquerard furent dans le couloir, ils dirent :

— Un siège ! Un docteur !

Une ouvreuse vint au-devant d’eux :

— Cette dame est malade ? Il faut la mettre à l’air…

Madame Grandgoujon était lourde. En passant devant le contrôle, Moquerard déclara :

— Je ne peux plus, mon cher… ma sacrée blessure…

Alors, deux Messieurs du cirque s’empressèrent.

— Qu’a cette dame ?

— Elle a trop ri, affirma Moquerard.

— Ah ? Ah ? firent les Messieurs, flattés.

— Il faudrait l’allonger, bredouilla Grandgoujon.

— Couchons-la sur cette banquette, Monsieur.

On alla chercher le médecin de service : major si blond qu’il paraissait blanc. Il avait des yeux vagues d’albinos et une pensée qui semblait fluide et diluée.

— Congestion, dit-il d’une voix mince.

— Congestion ? Mon Dieu !