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GRANDGOUJON

contre un affreux ver blanc… à vous dégoûter des poires !

— Ne faites pas le fier ! dit rageusement le mari.

— Sortez, Monsieur ! ordonna Grandgoujon.

Dans sa rage, la nièce se jeta presque à sa gorge.

— Vous êtes un monstre !… En guerre faire mourir sa mère au cirque !

— Quoique vous soyez une femme, prononça furieusement Grandgoujon, et une femme non mobilisable, je m’en vais vous prendre par la peau du derrière !

À ces mots, du couloir partit un « Oh ! » d’indignation.

Madame Poisson haletait :

— Répétez ! La peau… la peau…

Mais Monsieur Poisson, pâle, toucha sa femme du bras : « Viens-nous-en ! »

Ils sortirent. Grandgoujon claqua la porte sur eux. On les entendit crier des injures sur le palier. Puis, calme d’apparence, Grandgoujon s’avança vers Mariette, qui ne l’avait jamais vu si maître de soi, et il prononça :

— Un savon, s’il vous plaît !

Mais Mariette bredouillait, indignée : « Oh !… Oh ! »

— Qu’est-ce que vous avez ?

— Jamais, dit Mariette, je n’ai entendu parler de cette façon !…

— C’est la guerre, fit Grandgoujon d’une voix contenue. Un savon !