Aller au contenu

Page:Benjamin - Le Major Pipe et son père, 1918.djvu/100

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
100
LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

obéit, suit les ordres ; et il pense pas que trois petits poiriers… c’était la joie de la vie de un homme !

— Que c’est vrai, ça ! balbutia Barbet, qui pensa aussitôt : « Eh ! mais il se fait ! Il est déjà plus délicat… L’influence française… Il a compris ma manière de sentir… »

Puis, il fit quelques pas, et James Pipe dit encore :

— Le soldat boche, dans le crâne, il a seulement des idées grosses : le Guerre, l’Ennemi, toutes idées générales, n’est-ce pas, et kolossales ; mais les hommes, chacun des hommes, le liberté, le bonheur et le respect de chacun des hommes, ce n’est point choses qui croissent dans son jardine !

Barbet approuva de nouveau, avec force, ces paroles bien britanniques. Et il se souvint encore de son grand-oncle qui répétait :

— Les Anglais ont un dada : la liberté de l’individu.

« Il faudra, se dit-il, que j’indique ça dans mes articles… et ça ne va pas être commode… expliquer l’individu anglais… Si je ne touche que cent francs par article, ça ne vaut pas la peine. »