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Page:Benjamin - Le Major Pipe et son père, 1918.djvu/131

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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

— Voilà : c’est un ami qui me l’écrit, voyez-vous, et qui est combattant à Salonique.

Et il tira une lettre d’une de ses amples poches.

Mais Barbet eut un nouveau cri :

— On enlève la passerelle !

Cette fois, c’était sérieux. Le major James Pipe n’eut que le temps de répondre :

— Oh ! mongsieur Bâbette, alors bon voyage !… Et bon passage !… Et bonjour à mon père !… Et à mon vieux pays !

Bredouillant, affolé, ne trouvant pas, après avoir cherché, d’autre mot final que « Je vous écrirai », Barbet sauta sur le bateau.

On détachait les amarres.

James Pipe cria encore :

— Et moi je écrirai l’histoire drôle à mon père, pour lui il vous raconte !

Charmant homme ! Barbet, sur ce bateau qui commençait à s’ébranler, se sentait un cœur gonflé de tendresse à son égard. Il ne l’avait connu que souriant, empressé ; il avait un regret très vif de le quitter pour s’en aller, comme cela… en mer. Diable ! c’était la traversée ce coup-ci, et peut-être le torpillage : en tout cas le mal de cœur.