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Page:Benjamin - Le Major Pipe et son père, 1918.djvu/156

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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

électeurs. Et au fond du taxi qui, dans la nuit, les emportait vers la gare, il dit à M. John Pipe :

— Quelle ville, ce Londres ! Quelle foule ! Quelle civilisation ! Vos autobus se suivent ! Et sir Marmaduke !… Cet homme-là connaît la France comme pas un Français.

Malheureusement, il avait un hoquet léger et ne pouvait exprimer sa pensée avec toute la précision désirable.

Puis, il eut bientôt sommeil : le voyage, les émotions, ce dîner chaleureux… Bref, dès qu’il fut en wagon, tandis que M. John Pipe, confortable en sa couverture, ouvrait un petit livre relié de peau claire, et qui s’intitulait : « Sur les plaisirs champêtres », Barbet se couvrit le crâne d’une étonnante casquette faite d’une laine molle, bigarrée et hideuse, ce que les Français qui n’ont pas passé la Manche appellent une casquette anglaise, et il s’endormit, les deux pouces joints, la bouche ouverte.


Le train roula toute la nuit.

Quand les premières douces lueurs du jour éclairèrent le wagon, M. John Pipe avait fini son livre, et il sourit à l’aube. Barbet n’avait pas