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Page:Benjamin - Le Major Pipe et son père, 1918.djvu/201

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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

machinerie, la science moderne, la fatigue, l’éreintement, l’épuisement, — la mort au lieu de la douce vie.

Il en était tout mou quand il sortit du sous-marin. Il faillit tomber dans l’eau en repassant sur la planche de bois ; et il avait perdu le morceau d’étoupe qui voletait sur sa joue.

Infortuné monsieur John Pipe ! Sans allégresse il suivit le Commodore et Barbet dans une vedette qui se mit à danser sur la mer et les emmena, à travers la pluie, dans tous les coins de la rade. On était dans un brouillard d’eau ; vaguement on apercevait de grands navires mouillés près de la pointe que la côte faisait à l’horizon.

Barbet, dont la pensée semblait active, pérorait :

— Quand mon journal m’a envoyé à Brest pour la question transatlantique… dans une rade que celle-ci me rappelle…

Peut-être n’avait-elle aucun rapport, sinon qu’une rade est toujours une rade, mais c’était un besoin chez Barbet, au lieu de regarder l’Angleterre, de toujours parler de la France, — comme chaque fois qu’on lui montrait une chose nouvelle, il fallait qu’il dit : « Je suis au courant. » Puis il donnait des détails vrais ou faux.