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Page:Benjamin - Le Major Pipe et son père, 1918.djvu/21

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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

me mènera, et… il se peut qu’il confirme simplement l’opinion que j’ai déjà.

Mais heureux de partir, d’aller vers un pays et des gens nouveaux, d’entreprendre un voyage avec tout ce que ce mot contient de promesses et d’aventures, même pour un journaliste de quarante-cinq ans, dans sa bonne humeur, aussitôt il ajoutait :

— D’ailleurs, je suis prêt à revenir sur cette opinion : affaire à eux !

Dès qu’il arriva chez lui, il demanda à la bonne :

— Madame n’est pas là ?

— Non, monsieur.

— Ça, c’est fort !… Il est sept heures : qu’est-ce qu’elle fabrique ?

Il arrivait très digne, prêt à faire son effet. Rentrée manquée.

De dépit, il allait se mettre à la fenêtre, mais il réfléchit que si sa femme, de la rue, l’apercevait, il aurait l’air pressé de lui annoncer une chose qui, en somme, était arrivée déjà à beaucoup d’humains : être envoyé chez les Anglais, encore que… il y a la façon. Lui, c’étaient les chefs de l’armée, puis le Gouvernement qui allaient le recevoir. Mission officielle ; il pouvait