Aller au contenu

Page:Benjamin - Le Major Pipe et son père, 1918.djvu/211

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
211
LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

jour » en langue française. Il ne comprit donc pas toute l’importance du rôle de Barbet ; il préféra, étant données ses fonctions publiques, aller contempler les pommes de terre en caisse et il félicita avec chaleur le Commodore par des exclamations gutturales, en cadence.

Puis, on se mit à table.

Pour la cérémonie alimentaire, on vit paraître deux officiers nouveaux ; l’un d’eux savait le français ; il s’assit auprès de Barbet qui avait M. John Pipe de l’autre côté et qui, placé en face de M. Elphinston, pensa tout de suite en le considérant :

— Celui-là, au moins, a l’air de savoir ce qu’il veut… Pour choisir leurs hommes d’État, ils sont merveilleux ces Anglais !

Étant assez naïf, comme beaucoup de journalistes, il était fier de déjeuner avec un membre du Gouvernement britannique, et il songea : « Il faut que je mette une carte à ma femme et une au patron. » Sa joie lui donnait faim ; il commençait à comprendre le plaisir de M. John Pipe sur ce vieux bateau qui n’avait plus de qualités guerrières, mais où l’on pouvait manger paisiblement et longuement. Il jeta les yeux sur le menu : il ne comprit rien.