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Page:Benjamin - Le Major Pipe et son père, 1918.djvu/229

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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

plus rouge encore, et s’étant contenté d’un sourire qui signifiait : « Messieurs, vous n’avez qu’à me suivre… » il fila devant eux, marchant de côté, en leur lançant tous les vingt mètres un regard furtif et dévoué.

Il était neuf heures du matin. Dociles, Barbet et le superbe Si Hadj ben el Haouri s’attachèrent aux pas de cet homme qui était compétent et décidé. — À midi, ils ne l’avaient pas quitté d’une semelle ; ils avaient parcouru tous les coins et recoins du camp : ils avaient vu mille et une choses et ils étaient rompus de fatigue, reins brisés et cervelle expirante, comme une flamme de veilleuse qui, au petit jour, en est à ses derniers soubresauts.

Avec un sourire, l’officier écossais guida d’abord Barbet et le superbe Si Hadj ben el Haouri vers une troupe de soldats qui, par terre, couchés sur le ventre, faisaient semblant de tirer avec de petites carabines courtes. Ils se trouvaient sur un monticule d’où l’on découvrait un très vaste ciel. L’âme de M. John Pipe se fût émue de cet horizon.

Le commandant écossais s’arrêta, montra les hommes, devint rouge écarlate à croire que sa figure allait éclater, et en deux phrases rapides